Projet collectif de recherche (P.C.R) – « Réseau de lithothèques en région Centre-Val de Loire »

Présentation

Le projet collectif de recherche « Réseau de lithothèques en région Centre – Val de Loire » s’inscrit dans une perspective de recherche sur les modes d’exploitation des ressources minérales et sur la territorialité des groupes humains préhistoriques à l’échelle nationale. Cette perspective constitue un des principaux enjeux des études actuelles concernant les sociétés paléolithiques et néolithiques. Dans ce contexte, la caractérisation précise des ressources fixes – et notamment des silicites (silex, chert, silices hydrothermales et silcrètes) qui forment l’essentiel des équipements préhistoriques parvenus jusqu’à nous – revêt un intérêt particulier en ce qu’elle permet de dessiner des espaces parcourus et, couplée à la technologie lithique, d’identifier des modes de transport des artefacts. Ces réalités renseignent sur les formes sociales et les régimes de mobilité des groupes humains, permettant de matérialiser des processus d’interaction qui mettent parfois en jeu des traditions perçues comme distinctes.

Historique et travaux actuels

La région Centre-Val de Loire a depuis longtemps servi de moteur à la réflexion sur la diffusion des silicites. Cet axe de recherche s’est principalement construit dans le sillage des découvertes d’ateliers de taille de grandes lames qui suscitèrent, très tôt, un vif intérêt pour les silex de la région et plus particulièrement ceux dits « du Grand-Pressigny ». Ces questionnements sont au fondement d’un nombre très important de travaux, mais il fallut attendre la fin des années 1980 et les recherches systématiques de T. Aubry (1991) pour obtenir une première cartographie des gîtes, notamment dans le bassin versant de la Creuse. De nombreux archéologues et géologues ont œuvré depuis le 19èmesiècle à la caractérisation des formations sédimentaires et des ressources siliceuses du sud et du sud-ouest du Bassin parisien. Outre les travaux de la carte géologique au 1/50 000e, certaines études se sont intéressées à ces formations d’un point de vue géologique et/ou micropaléontologique. Ceux-ci ont contribué à dater de façon précise la succession lithologique du Crétacé régional : sables du Perche, craie et tuffeau gris, tuffeau blanc, tuffeau jaune, craie de Villedieu et craie de Blois. En parallèle, les recherches des archéologues sur la mobilité des peuples préhistoriques ont permis de dresser l’inventaire des silex exploités régionalement (notamment ceux du Turonien supérieur de Touraine), montrant que les sources d’approvisionnement étaient principalement les zones dérivées par altération du tuffeau et des craies du Turonien (argiles sableuses, colluvions et alluvions anciennes) plus que les formations primaires elles-mêmes.


La carrière d’argiles à silex du Sénonien du fond des Bédus à Jars (Cher) (photo : V. Delvigne)

Hormis les silex turoniens de la craie, il faut mentionner la présence d’une grande diversité de matières premières dans toute la région Centre – Val de Loire affleurant dans des terrains allant du Trias à l’Oligocène. Pour les terrains mésozoïques et cénozoïques de la zone de Blois, signalons en particulier les travaux de l’équipe de R. Irribarria, qui a permis de caractériser une bonne partie du potentiel gîtologique de cette aire géographique jusqu’au département du Loiret. Plus récemment, les travaux de thèse de V. Delvigne, de la prospection thématique « L’occupation humaine de la vallée du Cher (Cher et Loir-et-Cher, Centre) au Paléolithique supérieur » dirigée par R. Angevin et les données inédites de J. Dépont et M. Piboule sur la moyenne vallée du Cher, dans les départements de l’Indre, du Cher et de l’Allier ont permis de mieux appréhender l’espace minéral du sud-est et de l’est de la région (Hettangiensilicifié des « jaspes du Chaumois », Bathonien oolithique de la Celle-Bruère, nappes éocènes de la moyenne vallée du Cher, Crétacé de la rive gauche de la Loire, etc.). Malgré la qualité de ces travaux, il persiste des difficultés pour établir de véritables corrélations entre l’objet archéologique, nécessairement altéré, et le référentiel géologique, rendant impossible toute détermination de la source de certains matériaux représentés dans les séries archéologiques.

Axes d’étude du PCR

Le PCR (Programme de Recherche Collectif) « Réseau de lithothèques en Centre-Val de Loire », est développé selon cinq axes de recherche complémentaires en vue de mieux localiser et caractériser les silicites de l’espace régional :

– Axe 1 « Inventaire, développement et enrichissement de l’outil lithothèque ».

– Axe 2 « Caractérisation dynamique des silicites de l’espace régional ».

– Axe 3 « Cartographie des formations à silicites ».

– Axe 4 « Applications archéologiques »

– Axe 5 « Diffusion et valorisation des connaissances dans et en dehors du PCR ».

La carte des formations à silicites de la région Centre (CAO : C. Tufféry, E. Vaissié, V. Delvigne)